Semaine Campée en formation

Base de Loisirs de Juvardeil (Sarthe) avec un groupe de stagiaires du CPJEPS44 et du CPJEPS72

Première journée : Arrivée à 16H, la base de loisirs est déserte, la personne référente de la base est partie à Rome, il va donc falloir comprendre le fonctionnement et les règles de la base par tâtonnement… Par chance l’équipe de formation et le groupe de stagiaires est de bonne composition aujourd’hui alors on s’adapte, on fouille, on prend nos marques, on improvise et on installe le campement… La première virée en courses se fait donc plus tard que prévue, seul magasin trouvé un « U express » pas top, la hausse des prix nous plombe un peu le budget mais on s’adaptera. Pendant la mission courses, l’autre groupe se charge de définir et organiser les tâches matérielles du camp (nettoyage des toilettes sèches, des sanitaires, de la vaisselle, préparation des repas, installation de la table, …). Après 1H30 de courses, on est de retour à la base et on passe en cuisine, ce sera « salade composée » ce n’est pas ce qui était prévu pour le soir mais il fait très chaud et nous avons perdu beaucoup de temps à notre arrivée donc si l’on veut manger pas trop tard il faut continuer à s’adapter : interversion avec le repas prévu de demain midi.
Un affichage des taches matérielles a été réalisé, chacun-e s’inscrit sur une tâche par jour.
C’est une sacré entrée en matière pour montrer aux stagiaires que la vie quotidienne est une activité en soi.

Première veillée : « Conte et histoire », à l’aide d’un objet et du livre « La sorcière Rabounia », la formatrice raconte une histoire et fait participer les stagiaires. Certain-e-s se lancent ensuite à raconter une histoire, on invente, on crée, on lit un album jeunesse à disposition. Puis on discute de la première nuit en tente sur cette base de loisirs. Les stagiaires formules leurs craintes, leurs besoins, on se rassure, on se rappelle les règles de respect des espaces de sommeil, de gestion du rythme, et puis progressivement sous un ciel étoilé, on file au lit, ça fatigue de prendre ses marques dans un lieu inconnu… A 23H la vie du camp s’éteint.

Deuxième jour, 8H30, petite discussion au petit déjeuner, retours sur cette première nuit, sous l’œil hagard de 2 ânes et un cheval présents à 4 mètres de nous : « j’étais réveillée à 6H ! », « le concert de moineaux je m’en serai bien passé ! », « j’ai eu froid » , « j’ai mal au dos » , « mon collègue de tente a laissé ses notifications sur vibrations, ça m’a saoulé » , « je me sens sale, ce soir faut vraiment que j’aille me coucher propre » , « j’ai hyper bien dormi ça faisait 8 mois que je n’avais pas aussi bien dormi » , « ahhhh la nature ça fait plaisir ! ».

Sur cette deuxième journée, le groupe CPJEPS du Mans nous rejoint pour vivre ses 3 prochains jours avec nous. Le groupe CPJEPS de Nantes a donc été missionné pour les accueillir, leur faire la visite des lieux, leur présenter l’organisation des tâches matérielles et animer des jeux de connaissance pour se rencontrer.

Au programme de cette semaine : du kayak, du VTT, des aménagements extérieurs, de la peinture végétale, fabrication de nichoirs à oiseaux, des courses, de la cuisine, une course d’orientation, des histoires à partager au bord de la rivière…

La vie quotidienne comme activité à part entière :

« Repas pizzas au feu de bois ». Un repas comme celui-ci ce n’est pas juste un repas, cela veut dire anticiper la préparation de la pâte durant l’après-midi pour qu’elle ait le temps de bien lever, c’est apprendre à faire un feu dans un four à pizza, le démarrer suffisamment à l’avance, et si l’idée c’est que chacun-e confectionne sa pizza cela veut dire que le repas peut durer une bonne partie de la soirée … Un stagiaire s’interroge : « c’est presque une veillée en soi, non ?! ».
Pour que les stagiaires soient acteur et actrice de cette activité, l’équipe avait préparé en amont une fiche tuto sur « Comment faire un barbecue ? Et Comment allumer un feu en toute sécurité ? », et nous avons accompagné les stagiaires pas à pas en faisant avec eux et elles.
Les réactions sont nombreuses : « je n’avais jamais fait de feu ! Et puis ça me faisait un peu peur, je suis trop contente de l’avoir fait », « j’ai appris à manier une pelle à pizza, j’ai pris le coup de main ! Je ne savais pas que je pouvais être douée pour ça, au moins si un jour j’en ai marre de faire de l’animation je pourrai peut-être ouvrir une pizzeria ! Ha ! ha ! »
Chacun-e à mangé sa pizza, entre comparaison, un « d’accord pas d’accord pour mettre de l’ananas sur sa pizza », des histoires, des rires, un rangement, un nettoyage, et la nuit tombait déjà … Certain.e.s profitent des dernières lueurs du jour en faisant un jeu.

Troisième jour, le matin les stagiaires ont globalement mieux dormi, le corps s’habitue, les repères sont pris…

Les activités se poursuivent, les expériences et les apprentissages aussi.
Au fil des rencontres des discussions plus philosophiques se lancent « As-tu déjà dit je t’aime à tes frères et sœurs ? , « Est-ce un privilège de blanc de pouvoir voyager partout dans le monde ? , « Partir en colo dès ses 3 ans n’est-ce pas trop jeune ? » , « Pour ou contre le mariage ? », « Pourquoi les manifestations contre la réforme des retraites continuent ? » , « Pourquoi utiliser des produits bio ? » , …
Certain-e-s s’écartent pour faire un molki, et le jour décline au crépitement du feu, laissant place aux étoiles et à la dernière soirée avant le départ de demain.

Le quatrième jour, on fait un temps de formation pour synthétiser les apports de la semaine campée dans le cadre de leur formation « Activité et vie quotidienne dehors / Organisation d’un mini-camps Synthèse et bilan ». Enfin on plie le campement 

Un de nos objectifs en tant qu’équipe de formation était la prise de plaisir dans l’activité (et une prise de conscience autour de la vie quotidienne comme activité à part entière) dans l’espoir d’encourager les animateur-ices de demain à faire vivre cette expérience aux enfants avec autant d’envie et de bienveillance.
Au regard des bilans, des rires, des sourires, de l’implication générale des stagiaires, de l’énergie qui régnait sur le camps, on peut se dire que notre objectif a été atteint.

Chloé,
avec la participation de Joss et Timothée
et des CPJEPS 44 & 72 2022-2023